Un stade clairsemé, des banderoles anti-Deschamps, elles-mêmes contestées par une partie du public, un entraîneur de l'OM lui-même plein de rancoeur dans ses déclarations aux médias : la défaite contre le Bayern (0-2) a porté toutes les tensions à leur paroxysme, mercredi.
Retrouver le top 8 européen, l'OM attendait cela depuis 1993. Mais mardi, ce qui devait être une célébration s'est parfois transformé en règlement de compte dans un stade Vélodrome qui n'avait étonnamment pas fait le plein pour l'occasion (près de 9.000 places non occupées). Les banderoles ont donné le ton bien avant le coup d'envoi : "Silence, on a coulé" ou encore, adressé aux joueurs : "Ce soir, on est comme vous, on sert à rien." Les supporters du virage sud avaient décidé de ne pas encourager les leurs durant les vingt premières minutes du match alors que, dans le virage nord, l'ambiance était timide.
Même le poteau de Loïc Rémy dès les premières minutes n'a pas réveillé le Vélodrome et seules les prises de balle de Ribéry ont fait exploser le volume sonore. Etrange impression que celle dégagée par un public tiraillé entre l'envie de pousser sa formation pour son rendez-vous européen le plus important depuis près de vingt ans, et les revendications de groupes de supporters bien décidés à faire payer à leur équipe leur série de sept défaites consécutives et la fin des ambitions en Ligue 1 et en Coupe de France.
"L'OM est une institution, personne ne la mettra à terre"
Principal bouc-émissaire, côté virage Sud toujours, Didier Deschamps. "Deschamps et les joueurs, cassez-vous", pouvait-on lire en début de rencontre avant que des "Deschamps démission" ne descendent des tribunes Sud. Le stade a répondu par des applaudissements nourris en faveur du coach. Là-encore, le Vélodrome a fait preuve d'une étrange schizophrénie. Deschamps n'a pas éludé la question en conférence de presse. "C'est une frange minoritaire. Les gens sont libres. Je connais les tenants et les aboutissants. La grande majorité des gens était là pour vivre des émotions."
Un Vélodrome qui ne fait pas le plein pour un quart de finale de C1, Deschamps n'est pas surpris et désigne, dans une allusion à peine voilée, à la bataille des courants qui traverse l'OM en interne : "Cherchez à savoir le pourquoi du comment. Vous êtes là pour ça et vous le savez aussi bien que moi et ne cherchez pas de fausse explication. Peut-être que vous ne pouvez pas l'écrire. (...) L'OM a vendu toutes ses places mais 9000 places sont revenues des virages." Au mois d'octobre déjà face à Ajaccio, le Vélodrome s'était montré hostile à Deschamps et avait provoqué une passe d'armes entre l'entraineur et José Anigo, le directeur sportif de l'OM.
Nouvelle crise, nouveaux règlements de compte ? Le président Vincent Labrune a joué les pacificateurs. La désaffection du public ? "On a perdu. Mettez vous à leur place. Il y a plusieurs facteurs : la multiplication des matches, la crise économique dans la ville et on aligne les mauvais résultats. C'est difficile pour les gens ici. Voilà trente ans qu'ils n'ont pas perdu autant de matches. Mais quoi qu'il arrive, l'OM est une institution plus forte que tout. Personne ne la mettra à terre, ni les journalistes ni les supporters. Il n'y a rien de plus fort que l'OM." Et l'acharnement d'une partie du public sur Didier Deschamps ? "Je n'ai pas vu la banderole." L'incendie est circonscrit. Pas éteint.